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* Je mets mon roman "Tratinium" en ligne sur amazon. Vous pouvez ajouter vos commentaires ici (et voir plus bas), j'y répondrais :)

dimanche 30 novembre 2014

Le « Collège du Ruissellement »

Concours : La matinale en cavale.

Le dimanche 30 novembre, la Matinale en Cavale est sortie de sa torpeur à 08h08 avant de se rendormir à 14h14… Durant ces 6 heures et 6 minutes de création en live, plus de 300 auteurs se sont réunis pour donner vie aux « premières aventures d’un nouveau personnage de la littérature jeunesse », voici ma participation :



Le « Collège du Ruissellement » est composé de quatre immenses bâtiments entourant une cour. Une première construction occupe une surface triangulaire et est destinée à accueillir les Trianmorphes, espèce de patatoïde court sur pattes, élargi à la base et rehaussé d'une tête joufflue mais triangulaire. Vient ensuite la rigoureuse architecture destinée à la formation des Carréludiques. Ceux-ci ressemblent à un tas de boîtes empilés, ils ont comme tout le monde deux pattes en bas et deux bras sur les côtés, mais ont aussi deux petits bras supplémentaires sur leur poitrine, leur offrant le plaisir de se nourrir. Enfin le bâtiment de seulement deux niveaux, occupant un interminable espace ovale, recueille les Rondovaliens. Ils sont allongés, les pieds, le buste, les bras, tout est allongés. Même la tête est ovale, et leur donne l'allure d'un clou à tête plate.
Dans chacun de ces bâtiments sont transmis, modélisés, imagés des cours adaptés à la psychologie et aux particularités de chaque espèce. Chaque élève écoute assidûment les idées du professeur. Pas un seul ne pourrait se risquer à échanger discrètement avec son voisin, car étant trop jeunes, ils perdraient aussitôt leurs liens télépathiques avec le professeur et le groupe. Des cours communs existent pour que chacun puisse connaître et comprendre comment les autres espèces abordent leurs passions. Les Rondovaliens s'orientent naturellement vers les Sciences de la Vie. Les Carréludiques aiment les Arts et la Culture. Les Trianmorphes s'épanouissent dans les Sciences Physiques et les Mathématiques.
Tous se retrouvent dans le quatrième bâtiments pour pratiquer leur sport individuel préféré. Ils y font aussi quelques activités sportives de groupe. Mais régulièrement, tous partent en récupération à la cour de repos pour interrompre leur activité multi-télépathes. Ils s'éparpillent seul assis ou par petits groupes immobile de deux ou trois et reviennent à une activité cérébrale et physique réduite.

En cour de repos, Rondin, Quatrecoin et Tritan aiment à se retrouver. Ils repensent les contes racontés par leurs parents, imaginent la tête en friche des professeurs, s'inventent de nouvelles énigmes.
Depuis trois jours ils réfléchissent sur l'utilité d'un vieil objet, ayant l'apparence d'un prisme pyramidale, que Quatrecoin a emprunté dans la bibliothèque de son grand-père. Il paraît que c'est un très vieux jouets très à la mode dans la haute société passée. Chacun d'eux a pu toucher l'objet et a émis des hypothèses mais seul l'utilisation en tant que presse-papier semble « amusante ».
Rondin est le dernier à avoir passé toute la nuit avec le prisme. Il n'a pas eu plus d'idée sur son utilisation. Mais alors qu'il se dirige avec ses amis vers leur place habituelle, il sens le prisme chauffer légèrement. Il s'arrête surpris. Le prisme refroidit. Quatrecoin et Tritan ont perçu l'émoi de leur ami et se réjouissent de cette idée intrigante. Ils se rapprochent tous deux de Rondin. Le prisme se réchauffe à nouveau et réjouit leur cœur. Spontanément ils se déplacent en rang serré et découvrent que la chaleur augmente selon la direction qu'ils prennent. Ils trouvent l'endroit où le prisme est le plus chaud, ils sont ravis. Ils se hasardent à rentrer en communication avec le prisme.

En premier lieu ils ont l'impression de voir l'image de leur cour de repos. Mais à bien y regarder les enfants y sont différents, très différents d'eux. Et puis aussi ils bougent et courent, et ils sont bruyants. Tritan pense que c'est plus qu'une vidéo mentale sinon ils pourraient la voir où qu'ils soient. Quatrecoin est effrayé mais voudrait comprendre. Rondin recherche quelqu'un de calme dans cette cour pour se rassurer. Ses amis l'aident. Ils discernent sur un banc un petit garçon seul. Après quelques instants ils perçoivent une tristesse en lui. Quatrecoin connaît cette impression de tristesse. Il voudrait conseiller ce petit garçon, lui dire : quand on ne comprend pas ce qui nous entoure, il faut garder son calme et poser des questions, un problème à la fois.
Le petit garçon n'entend pas.
Rondin est d'accord avec son ami. Il reprend l'idée et la communique à nouveau.

Dans la cour de récréation le petit Charles chasse ses idées noirs. Il a beau être seul, il a l'impression d'être entouré d'amis. Et cette idée lui réchauffe le cœur.

Dans la cour de repos, trois enfants ont trouvé mieux qu'un jouet. Demain ils se présenteront...

mercredi 27 août 2014

Le pépé et la Mort

Voici enfin en ligne mon premier court-métrage. Il est un peu long -5 min- mais c'est fait exprès.
Bonne lecture à vous...



L'envie m'est venue après avoir lu "La Mort et le Bûcheron" de Jean de la Fontaine. Voici la fable :
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.


samedi 31 mai 2014

Le pin parasol

Je participe aussi sur le site short-edition.com à un concours de Haïku sur le thème "parasol".
J'en propose 10 ! Dont celui-ci (mon préféré) :



     Le pin parasol

Filant vers le ciel
Pour s’étaler de verdure
Ivre de la vue.



Merci de vos soutiens sur : http://short-edition.com/oeuvre/poetik/pin-parasol-1
(jusqu'au 16 juin, soutenez, votez, partagez).




Sur la route de Morteau


Je participe à un concours de nouvelle sur short-edition.com
Le thème est "Road trip en mobylette". 
J'ai proposé le texte ci-dessous "Sur la route de Morteau".
J'ai mis le lien pour voter, jusqu'au 9 juin 17h. D'avance merci...


On se dit souvent « petit budget, petites vacances ». Mais on nous dit aussi « Quand on est jeune, on profite ». Alors avec Jb on est parti. D’ailleurs avec le bac en poche on pouvait demander ce qu’on voulait. Alors on a demandé une ou deux semaines de vacances en mobylette, tranquille, sans le stress des parents... « Adieu Vesoul, bonjour Morteau ».
Bon en fait, on a coupé la poire en deux. On descend deux jours, on se pose près de chez le parrain à Jb et on remonte. C’est notre envol officiel du cocoon.
On est des mecs sur des moteurs !

Départ de chez moi, chargé comme pour un déménagement. Mes affaires ficelées sur le réservoir, la caisse à outil à l’arrière avec la canadienne -j’aime bien ce mot, ça fait rigoler Jb-. Le duvet est en boule, calé entre le phare avant et le garde boue. J’ai une Motobecane AV89 Chaudron, tout d'origine ! Et Jb sa Peugeot GL10. Il s’est pris en plus un sac à dos, mais ne sait pas trop où le mettre –là c’est moi qui rigole-.

Notre objectif est Autrey-le-Vay près de Villersexel –ça aussi ça fait rigoler Jb-. Nous dormirons au camping et profiterons de la rivière dès l’après-midi. Mais ce n’est pas gagné, nos équipages misèrent grave pour avancer. C’est la maladie classique des mobs d’origine, elles souffrent d’accélération chronique, sans compter la selle dure et la rocailleuse cacophonie de ma Motobecane qui devient assourdissante.
Mais derrière nos lunettes de soleil ça ne se voit pas. Et puis... les paysages sont beaux –on a le temps de regarder- et les arrêts sont fréquents –on secoue le réservoir-.

Dans les montées on pédale et on bourre dans les descentes. Je laisse Jb me doubler dans les virages, c’est plus marrant que d’être toujours devant. On fait des petites pointes ridicules, mais on les fait avec nos bécanes.

Le lendemain on reprend la route après un bon bain de pied. Direction Montbéliard pour se faire un hamburger. On tourne et tourne en rond pour en trouver un. C’est un petit garçon, les yeux éblouis et un sourire pleins de rêves qui nous montre le bout de la rue.

Sur la route de Morteau, petit souci, je tombe sur la réserve et le temps de rejoindre Jb pour l’avertir le voilà qu’il s’arrête, sec. C’est en fait moi qui le sauve en siphonnant trois gouttes. On fait le plein six kilomètres plus loin, en arrivant à pied, épuisés. Le garagiste devine que nos bécanes sont bridées –on plafonne à 45- et nous conseille d’ouvrir un tout petit peu les gaz une fois lancés, on consommera moitié moins et on ira bien plus loin.

Au camping on est plus relax, c’est quand même notre deuxième jour. On raconte notre aventure au bar à deux suissesses qui viennent faire la « Route du Comté » en vélo.

Jb. – Allo, tonton, tu peux nous héberger une semaine ?
...
Jb. – Non, pas nous, les bécanes. Et tu prêteras tes vélos ?  






Merci de vos soutiens sur : http://short-edition.com/oeuvre/tres-tres-court/sur-la-route-de-morteau







vendredi 18 avril 2014

Mon savon du commerce

L'étiquette de mon savon est bien compliquée. Il y a tant de produits pour faire un savon, je me demande bien à quoi ils servent ?
Je prends enfin le temps de faire une recherche sur "la toile" et vous livre ici ce que j'en ai compris.

Les produits ci-dessous sont listés dans l'ordre énoncé sur l'étiquette. Ils sont donc classés par ordre de présence décroissante dans le produit final. Pour autant le fabriquant ne précise pas les quantités.


SODIUM PALMATE, huile de palme saponifiée. C'est à dire le résultat de la cuisson de l'huile avec une base forte comme de la soude pour faire un savon "dur" ou de la potasse pour un savon liquide. D’origine végétale, l’huile de palme peut être exploitée d’une manière irresponsable (d'un point de vue écologique et humaine), il faut donc favoriser l’huile de palme issue du commerce équitable et résonné.
Remarque : L'huile de palme se retrouve dans de nombreuses compositions alimentaires, elle peut induire des problèmes au niveau cardio-vasculaire. Heureusement, dans notre cas, le savon pénètre superficiellement.

SODIUM COCOATE, sel de sodium d'acide gras de coco. Le cocoate de sodium est le produit de saponification de l'huile de noix de coco d'origine naturelle apès relargage de glycérine. Le relargage se fait par ajout d'une solution saline permettant de séparer le savon du mélange de glycérine. La glycérine se retrouve en fond de cuve et est expulsé par un robinet.
L’huile de coco est utile pour bien durcir un savon et par la suite produire de la mousse. Le problème c'est qu'elle est asséchant pour le corps. Un savon pour la peau a généralement moins de 30% de coco.

AQUA, c'est de l'eau ! Un quart du poids des matières premières utilisées lors de la saponification est de l'eau. Dans le produit fini, il ne reste pas grand chose, seulement ce qui ne s'est pas évaporé.

GLYCÉRINE, on en trouve dans les graisses animales et végétales et elle peut être fabriquée chimiquement. Mais dans le cas d'un savon, c'est la part non extraite lors de la saponification.
Bon à savoir : si votre cuire chevelu est "allergique" à la glycérine vous aurez des pellicules.

PARFUM, forcément de synthèse au vu du prix de mon savon. A notre époque, un parfum naturel n'existe plus qu'au rayon BIO. Mais il n'y a pas si longtemps, parmi les six matières premières animales il y avait le musc, une sécrétion produite par un cervidé mâle (le chevrotin porte-musc) pour attirer la femelle (substance détectable à plus de 1 km aux alentours).
NdR : Pour récupérer ses glandes le chevrotin était abattu puis, pour ne pas gâcher, mangé ou empaillé.

PRUNUS AMYGDALUS DULCIS OIL, de l'huile pour apporter de la douceur au savon. Cette huile est extraite des graines mûres de l'amandier à amandes douces. Elle se compose essentiellement des glycérides d'acides gras. Elle est extraite par pression des amandes après distillation des substances toxiques.

SODIUM CHLORIDE, c'est du sel. C'est un résidu non extrait lors de la saponification. Les huiles sont ainsi moins solubles dans l'eau qui est surtout utile pour dissoudre la soude.
NdR : Et si cela se trouve l'eau utilisée est de l'eau de mer. Allez savoir...

TETRASODIUM GLUTAMATE DIACETATE, c'est un agent séquestrant écologique. Il permet au savon de rester limpide malgré la charge minérale. C'est à dire qu'il réagit avec d'éventuelles ions métalliques afin que ceux-ci n'affectent pas l'aspect du produit, et ainsi qu'il reste beau à l'achat.

CI 77891, ou Dioxyde de titane, c'est une poudre blanche servant de colorant. Il est aussi identifié par le code E171 pour les produits alimentaires où il est utilisé comme conservateur et liant. Le hic c'est qu'à l’état volatile, cette nanoparticule présente la particularité de provoquer le cancer du poumon (tout comme l'amiante). Pour cette raison, les industriels l’enrobent de corps gras afin de le rendre stable et non volatile, et des pays comme l'Allemagne l'interdisent.
NdR : Certains produits sont notés "Colorant : E171 ", par exemple en confiserie, et d'autres "Conservateur : E171", par exemple en charcuterie.... Bien sûr, c'est le même produit :D. Alors ? Cher industriel, comment allez-vous vendre votre produit ?



mercredi 2 avril 2014

TU VAS TE BATTRE

En 2014 les textes de Marcel Martinet entreront dans le domaine public, je découvre cet auteur maintenant que tombe la nouvelle. J'adapte un de ses textes pour un autre combat qui est mon quotidien.


TU VAS TE BATTRE.


Tu vas te battre.

Partout
Chez toi, dehors, jusqu'au boulot,

Partout, paysan,
Pour la terre que tu retournes,
Pour le grain réensemencé,
Pour le veau nourri par sa terre,

Consommateur, partout dans les boutiques,
Leurs marques, leurs produits, leurs emballages,
Leurs verbiages et leurs méconnaissances,
Partout avec ta douceur et ton sourire,

Industriel, partout dans ton entreprise,
Guettant l'inutile et compensant ton impact,

Et toi, citoyen, partout où tu veux vivre, citoyen,
Et dans les airs où tu voyages,
Et dans les eaux que tu déverses,
Partout jusqu'au fond de tes poubelles,
Tu vas te battre.

Tu vas te battre ?
Tu ramasses partout, tu trieras de partout,
Tu renonceras aux produits sans avenir ?
Tu vas te battre ?

Contre tes mauvaises habitudes,
Le verre abandonné dans la rue,
La canette à deux pas de la poubelle verte,
Ta voiture qui roule derrière le bus.

Homme tu vas te battre
Pour embellir un petit espace,
 qui tient au fond de ton coeur
pour les tiens et ceux que tu aimes,
qui luit par ta conscience
 pour le monde d'ici et d'hier.

 Et maintenant, et maintenant,
Va te battre.
mercredi 2 avril 2014

TU VAS TE BATTRE,  

PAR MARCEL MARTINET, 

né à Dijon le 22 août 1887, mort à Saumur le 18 février 1944, est un militant révolutionnaire socialiste et pacifiste et un écrivain prolétarien.


Tu vas te battre.
Quittant
L’atelier, le bureau, le chantier, l’usine,
Quittant, paysan,
La charrue, soc en l’air, dans le sillon,
La moisson sur pied, les grappes sur les ceps,
Et les bœufs vers toi beuglant du fond du pré,
Employé, quittant les madames,
Leurs gants, leurs flacons, leurs jupons,
Leurs insolences, leurs belles façons,
Quittant ton si charmant sourire,

Mineur, quittant la mine
Où tu craches tes poumons
En noire salive,
Verrier, quittant la fournaise
Qui guettait tes yeux fous,
Et toi, soldat, quittant la caserne, soldat,
Et la cour bête où l’on paresse,
Et la vie bête où l’on apprend
À bien oublier son métier,
Quittant la rue des bastringues,
La cantine et les fillasses,
Tu vas te battre.
Tu vas te battre ?
Tu quittes ta livrée, tu quittes ta misère,
Tu quittes l’outil complice du maître ?
Tu vas te battre ?
Contre ce beau fils ton bourgeois
Qui vient te voir dans ton terrier,
Garçon de charrue, métayer,
Et qui te donne des conseils
En faisant à son rejeton
Un petit cours de charité ?
Contre le monsieur et la dame
Qui payait ton charmant sourire
De vendeur à cent francs par mois
En payant les robes soldées
Qu’on fabrique dans les mansardes ?
Contre l’actionnaire de mines
Et contre le patron verrier ?
Contre le jeune homme en smoking
Né pour insulter les garçons
Des cabinets particuliers
Et se saouler avec tes filles,
En buvant ton vin, vigneron,
Dans ton verre, ouvrier verrier ?
Contre ceux qui dans leurs casernes
Te dressèrent à protéger
Leurs peaux et leurs propriétés
Des maigres ombres de révolte
Que dans la mine ou l’atelier
Ou le chantier auraient tentées
Tes frères, tes frères, ouvrier ?
Pauvre, tu vas te battre ?
Contre les riches, contre les maîtres,
Contre ceux qui mangent ta part,
Contre ceux qui mangent ta vie,
Contre les bien nourris qui mangent
La part et la vie de tes fils,
Contre ceux qui ont des autos,
Et des larbins et des châteaux,
Des autos de leur boue éclaboussant ta blouse,
Des châteaux qu’à travers leurs grilles tu admires,
Des larbins ricanant devant ton bourgeron,
Tu vas te battre pour ton pain,
Pour ta pensée et pour ton cœur,
Pour tes petits, pour leur maman,
Contre ceux qui t’ont dépouillé
Et contre ceux qui t’ont raillé
Et contre ceux qui t’ont souillé
De leur pitié, de leur injure,
Pauvre courbé, pauvre déchu,
Pauvre insurgé, tu vas te battre
Contre ceux qui t’ont fait une âme de misère,
Ce cœur de résigné et ce cœur de vaincu… ?
Pauvre, paysan, ouvrier,
Avec ceux qui t’ont fait une âme de misère,
Avec le riche, avec le maître,
Avec ceux qui t’ayant fusillé dans tes grèves
T’ont rationné ton salaire,
Pour ceux qui t’ont construit autour de leurs usines
Des temples et des assommoirs
Et qui ont fait pleurer devant le buffet vide
Ta femme et vos petits sans pain,
Pour que ceux qui t’ont fait une âme de misère
Restent seuls à vivre de toi
Et pour que leurs grands cœurs ne soient point assombris
Par les larmes de leur patrie,
Pour te bien enivrer de l’oubli de toi-même,
Pauvre, paysan, ouvrier,
Avec le riche, avec le maître,
Contre les dépouillés, contre les asservis,
Contre ton frère, contre toi-même,
Tu vas te battre, tu vas te battre !
Va donc !
Dans vos congrès vous vous serriez les mains,
Camarades. Un seul sang coulait dans un seul corps.
Berlin, Londres, Paris, Vienne, Moscou, Bruxelles,
Vous étiez là ; le peuple entier des travailleurs
Était là ; le vieux monde oppresseur et barbare
Sentant déjà sur soi peser vos mains unies,
Frémissait, entendant obscurément monter
Sous ses iniquités et sous ses tyrannies
Les voix de la justice et de la liberté,
Hier.
Constructeurs de cités, âmes libres et fières,
Cœurs francs, vous étiez là, frères d’armes, debout,
Et confondus devant un ennemi commun,
Hier.
Et aujourd’hui ? Aujourd’hui comme hier
Berlin, Londres, Paris, Vienne, Moscou, Bruxelles,
Vous êtes là ; le peuple entier des travailleurs
Est là. Il est bien là, le peuple des esclaves,
Le peuple des hâbleurs et des frères parjures.
Ces mains que tu serrais,
Elles tiennent bien des fusils,
Des lances, des sabres,
Elles manœuvrent des canons,
Des obusiers, des mitrailleuses,
Contre toi ;
Et toi, toi aussi, tu as des mitrailleuses,
Toi aussi tu as un bon fusil,
Contre ton frère.
Travaille, travailleur.
Fondeur du Creusot, devant toi
Il y a un fondeur d’Essen,
Tue-le.
Mineur de Saxe, devant toi
Il y a un mineur de Lens,
Tue-le.
Docker du Havre, devant toi
Il y a un docker de Brême,
Tue et tue, tue-le, tuez-vous,
Travaille, travailleur.
Oh ! Regarde tes mains.
Ô pauvre, ouvrier, paysan,
Regarde tes lourdes mains noires,
De tous tes yeux, usés, rougis,
Regarde tes filles, leurs joues blêmes,
Regarde tes fils, leurs bras maigres,
Regarde leurs cœurs avilis,
Et ta vieille compagne, regarde son visage,
Celui de vos vingt ans,
Et son corps misérable et son âme flétrie,
Et ceci encor, devant toi,
Regarde la fosse commune,
Tes compagnons, tes père et mère…
Et maintenant, et maintenant,
Va te battre.
jeudi 30 juillet 1914




jeudi 30 janvier 2014

Cela tient à une sauce

La sauce avait changé, comme ça, sans même prévenir le client. Du jour au lendemain, mon restaurant avait changé sa sauce vinaigrette.
J'étais écœuré -Plus précisément, j'étais déçu-.
Déjà que je ne viens pas souvent -Il faut dire qu'entre deux knacks, un œuf au plat et un croquemonsieur, la carte est vite digérée-.
Alors de temps en temps un croque ça fait plaisir. Moi je me suis arrêté sur le croque. C'est top un croque avec de la béchamel dessus. Mais bon, je me rends compte que ce que j'aimais dans ce troquet, c’était la sauce vinaigrette maison avec sa salade verte -Tout fout le camp, même le client-.

genèse: assis à la cafétéria de IKEA je choisis deux mots sur des panneaux : "sauce" et "chaise". Je les écris sur mon smart phone. A peine ai-je écrit le deuxième mot que s'affiche en proposition "changer". Mon début de phrase est fait "La sauce avait changé". Pour le deuxième mot il me vient à l'esprit l'image des chaises de bars blanches de chez une amie, j'y avais mangé des croquemonsieurs... Le reste du texte est venu tout seul :D

samedi 25 janvier 2014

UN COULOIR SOMBRE

Alors je suis entrée.
Rien ne m'y invitait, ni le porche sans porte, ni le couloir sombre, ni les marches en pierres qui mènent en bas.
A l'exception de deux syllabes indicibles répétées à l'abandon et mon empressement à marcher, jusqu'à me perdre, en guise de vie.
Je ne trouve aucun commutateur, mais pourtant j´avance dans cette obscurité à laquelle je m'habitue.
Les syllabes s'amplifient sans trouver de sens. Elles sont plaintives et douces, pleines de résignation. Elles m'attirent car elles sont miennes. Cet autre, c'est moi qui appelle.
Je l'entends, mais ne veux pas comprendre. Je perçois cette émotion, mais ne veux pas l'accepter.
Devant la porte de cave je m'inquiète de l'autre comme s'il était moi. Que ferai-je s'il est trop faible, je me porte à peine moi-même.
Je trouve une force inconnue pour continuer. Je pousse de la main. La porte s'ouvre lentement tandis qu'une chaîne s'étire avec douleur et s'arrête.
Dans l'entrebâillement de la porte un chat anorexique s'échappe, fuyant les ténèbres, la famine et sa résignation.
Je suis paralysée, mon cœur tambourine et appelle à vivre. Voilà mon souhait. Mais maintenant la réalité m'effraie.